Dans une grande salle blanche, une femme et un homme se parlent. C'est lui qui débute la conversation. Elle écoute, attentive, et lui répond par un second monologue. Ils évoquent leur séparation, parlent de l'avant et du maintenant. Elle, c'est Audrey Bonnet. Lui, Stanislas Nordey. Si leurs personnages de fiction portent leurs prénoms, c'est que ce spectacle a été écrit pour eux. Pour eux, et pour personne d'autre. Pour leur corps, pour leur façon de dire, pour ce qu'ils sont dans l'imagination de l'auteur et metteur en scène Pascal Rambert. C'est simple, même si l'intime exposé ici n'est pas celui d'Audrey Bonnet et de Stanislas Nordey, les vrais. C'est justement dans ce mouvement de distance que se jouent la tension des rapports, l'étrangeté de la reconnaissance, le trouble du décalage.
À la question : « Qui aime-t-on quand on aime ? », Pascal Rambert n'apporte pas de réponse toute faite. Il circule dans les possibles. Il ne refuse pas les poncifs qu'utilisent, au moins une fois, ceux qui se séparent, qui cherchent les raisons du désamour, qui réécrivent les souvenirs, les enjolivent, avant de tout détruire par quelques phrases assassines. Le fleuve ininterrompu des mots, les questions-réponses qu'on enchaîne, la respiration bloquée, dans une sorte de marathon entre peur et libération : c'est là, au coeur de ce moment douloureux, que nous installe Pascal Rambert, ne craignant pas de déranger, de créer le doute, de nous balloter dans les méandres d'une histoire qui mène inexorablement à la rupture et, peut être, à l'aventure d'une autre vie.
Dans la brutalité d'un verbe omniprésent, dans l'incroyable rigueur d'une écriture froide et meurtrière se déroule un combat sans merci. Stanislas attaque et Audrey doit se battre contre l'effacement qu'il veut lui imposer. Ils sont à armes égales, mais ne les utilisent pas de la même façon. Il y a le masculin et le féminin. Il y a deux regards, deux silences, deux paroles pour dire la violence d'un amour qui meurt.
Jean-François Perrier pour l’édition 2011 du Festival d’Avignon.
PASCAL RAMBERT
Pascal Rambert a d'abord été marqué par Pina Bausch et Claude Régy. Après un passage à l'école de Chaillot avec Antoine Vitez, il alterne l'écriture et la mise en scène, et devient metteur en scène de ses propres pièces. Il travaille aux États-Unis et au Japon, convaincu que le théâtre hexagonal doit s'enrichir d'expériences étrangères. Il a enseigné dans plusieurs universités américaines et à l'Institut dramatique de Damas. Il a en outre réalisé plusieurs courts-métrages. Ses spectacles tournent en France, aux Etats-Unis et au Japon. Il est directeur du Théâtre de Gennevilliers depuis janvier 2007.
DANS LA PRESSE
Pascal Rambert dissèque la séparation d'un couple. Audrey Bonnet et Stanislas Nordey y sont magnifiques, sans pathos mais avec une énergie et une dureté terribles. (…)
Les deux comédiens donnent une intensité saignante à la séparation. Sans pathos, juste secoués d'une énergie, d'une dureté terribles : faire souffrir l'autre pour moins souffrir soi… Audrey Bonnet et Stanislas Nordey sont tout simplement magnifiques, bouleversant le public alors que leur jeu semble à l'opposé même de l'émotion, paradoxaux, surprenants, immenses comédiens dans l'âme, le corps, et le sang.
Fabienne Pascaud Télérama 18 juillet 2011
C'est l'histoire d'une rupture. D'abord parle l'homme. Puis la femme. Il n'y a pas de dialogue. Chacun écoute l'autre jusqu'au bout. Le match n'en est que plus saisissant.
(…) Les bras de Stanislas Nordey sont comme des projectiles. On a l'impression de les voir traverser l'espace, et se ficher dans le corps, le ventre surtout, d'Audrey Bonnet. Ses bras à elle semblent vissés par ses poings, qu'elle serre de plus en plus, pour tenir. Jusqu'au moment où elle attaque. Allez la voir. Vous saurez ce qu'est la vengeance d'une femme qui tire à bout portant. A bras portants.
Brigitte Salino Le Monde 5 octobre 2011
Succès unanime au Festival d’Avignon, Clôture de l’amour de Pascal Rambert transforme une scène de ménage en une performance aussi cruelle qu’éblouissante.
Fabienne Arvers Les Inrocks 30 septembre 2011
Pascal Rambert réussit là la plus dévastatrice, la plus admirable, la plus poignante des scènes de rupture, qui les rassemble toutes, « tu ne bouges pas, tu ne bouges même pas je n’imaginais pas que l’on puisse souffrir autant ça va reste où tu es reste campé droit dans tes bottes » ; le texte est magnifique et prouve qu’il existe des auteurs contemporains qui écrivent en français et sont capables de nous bouleverser avec les mots et la sensibilité d’aujourd’hui, merci.
Jean-Luc Porquet Le Canard enchaîné 27 juillet 2011
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